dimanche 18 juillet 2010

Politics (vélo) USA

Saviez-vous qu'il existe aux États-Unis, depuis 1991, une politique qui impose la création, dans chacun des États américains, d'un coordonnateur cycliste et piétons à temps plein?

Dans ce pays où l'automobile régnait pourtant encore plus en maître qu'aujourd'hui, le Intermodal Surface Transportation Efficiency Act (ou ISTEA – prononcez Iced Tea!) reconnaissait donc la nécessité, en 1991, d'intégrer le vélo aux politiques des ministères du Transport de chacun des 50 États. Entre autres carottes fédérales: tout État pouvait dès lors réclamer des sous pour des aménagements cyclables (pistes, voies partagées, signalisation, stationnements, abris, etc.) à des programmes fédéraux comme le Scenic Byways Program Funds, le National Highway System, le Congestion Mitigation and Air Quality Improvement, etc.

Donc, il existe toujours en théorie, aujourd'hui, dans chacun de ces 50 États, un responsable "vélos et piétons". Au ministère des Transports de l'Arizona, il s'appelle Michael Sanders, et c'est lui que j'ai rencontré le 30 juin, lors de mon passage à Phoenix.

Qu'est-ce que ça fait pour gagner sa vie, un Bicycle/Pedestrian Coordinator au ministère des Transports de l'Arizona?

Je suis impliqué dans la planification à long terme des aménagements routiers, ce qui signifie que je travaille avec les autres divisions responsables de la planification inter-modale (ingénieurs, conception de routes...). Je suis aussi impliqué dans la conception (design): nous avons une série de guides des normes [pour la construction et la rénovation de routes]... Ce sont nos documents de référence. Quand nos ingénieurs routiers, ou nos ingénieurs en circulation, travaillent sur des projets, je suis consulté pour la conception des espaces pour cyclistes et piétons.


Petit rappel (déjà écrit précédemment): selon le classement 2010 de la League of American Cyclists, l'Arizona figure dans le Top 10 des États "bike-friendly" et, pour la troisième année d'affilée, elle surpasse, entre autres, la Californie!

Cela ne tient pas juste aux aménagements cyclables visibles, mais aux politiques. Par exemple, dans ces guides normatifs, il est dit que dans un monde idéal, l'accotement pavé devrait être de 6 pieds (1 m 80). Il y a aussi des normes pour les voies partagées en ville, pour les courbes, etc.

Bien sûr, Sanders est seul sur "l'équipe vélo", et le vélo passe loin derrière l'auto.

La première mission ici, au ministère des Transports, est le déplacement... hum, des personnes. Mais il ne faut pas se le cacher, le premier objectif est l’automobile. Donc, la priorité est d’amener les gens dans des véhicules moteurs, d’une ville à l’autre.


Mais les choses tendent à changer selon Sanders, parce qu'il y a une demande. Et en fait, la philosophie derrière ISTEA se rapproche davantage de la philosophie danoise ou néerlandaise —tout projet routier doit inclure une composante cycliste— que de la philosophie québécoise —construisons une Route Verte pour les cyclistes, à l'écart du réseau routier.

S'il ne fallait s'en tenir qu'à ce qui saute aux yeux, on trouverait des choses amusantes, mais pas nécessairement révélatrices de la volonté d'ensemble. Par exemple, ce petit panneau à l'intention des cyclistes, vu en Arizona et au Nouveau-Mexique à l'entrée des autoroutes:
"Use shoulder only". Chaque fois que je vois cet avertissement, j'ai dans ma tête l'image du cycliste déçu : « ah zut, j'étais en forme aujourd'hui, je pensais prendre la voie de gauche ».

Mais même si on ne s'en tient qu'aux panneaux à l'entrée des autoroutes, on constate des choses étonnantes, de notre point de vue de Québécois. La brève vision du Colorado que j'ai eu, c'était à l'entrée 6 de l'autoroute 25 où, pendant 10 km, les cyclistes n'ont pas d'autres alternatives. Là, les autorités ont mis un très grand panneau —donc, à l'usage des automobilistes, pas des cyclistes— un losange avec le logo d'un vélo accompagné de la phrase "Share the Road". Phrase classique au Québec... mais pas sur une autoroute!

Le Colorado a décroché cette année la première place dans ce classement des États "bike-friendly". Ça vaudrait la peine de revenir explorer de près.

Et qu'en est-il du Kansas, où je suis resté plus longtemps? À côté de l'Arizona et du Nouveau-Mexique, il fait pauvre figure, mais à sa défense... il manque de routes! Dans l'axe ouest-est, il y a en effet peu de routes secondaires pavées, et s'il y a peu de volonté pour en paver davantage, c'est aussi parce que le Kansas offre moins de points d'intérêt pour les touristes, cyclistes ou non. Les routes "de comté" pavées ne deviennent fréquentes qu'à partir du Missouri, 600 km plus près de Montréal.

Missouri, où le "Share the Road" a justement été revu dans un autre contexte: le pont Paseo, un pont à 2 voies de chaque côté qui relie Kansas City à Kansas City Nord, est accessible aux vélos, par l'accotement. Cet été toutefois, l'accotement est en reconstruction, et complètement inaccessible. Au Québec, on aurait tout naturellement fermé le pont aux cyclistes? Pas ici: à l'entrée du pont, encore ce grand panneau avec le logo d'un vélo, en orange cette fois pour être sûr que les automobilistes ne le manqueront pas, et le gros "Share the Road". Chapeau.
Une autre ville à ajouter à ma collection de celles dont les autobus ont des supports à vélo: Kansas City, Missouri. (17 juillet 2010)

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