
Ensuite, si des portions de mon parcours semblent plus attirantes que d’autres, rien n’interdit à qui que ce soit de partir d’où que ce soit : il y a des aéroports internationaux à Phoenix et Albuquerque, locaux à Holbrook et Santa Fe, entre autres. On peut aussi, cela va sans dire, louer une voiture et mettre les vélos dedans pour se débarrasser des grosses distances : le Grand canyon n’est qu’à quelques centaines de km de Phoenix, et Holbrook n’est qu’à 270 km —et si je viens de mentionner deux fois Holbrook, c’est parce qu’à partir d’un de ses très nombreux hôtels, une boucle de 110 km à vélo vous permettrait de traverser le Parc de la forêt pétrifié et des Falaises peintes, un parcours qui vous marquera jusqu’à la fin de vos jours.
Mais revenons au problème des montagnes à franchir. Il existe aussi ma recette : y mettre un gros effort au début (Phoenix-Payson se fait en une journée et Payson-Heber, une demi-journée), puis des efforts plus mesurés et étalés sur une semaine.
Parce qu’il ne faut jamais perdre de vue qu’une fois « Ma côte » grimpée le 2 juillet, et les 2300-et-quelques-mètres d'altitude atteints, je n’allais plus redescendre sous les 1600 mètres avant une semaine. Ça facilite les choses pour la suite...
Revenons à cet instant. Il était 11h, ce 2 juillet, tandis que je souriais béatement à mon bras gauche photographe. J’avais donc amplement le temps de me rendre jusqu’à Heber (une heure et demi) puis Holbrook (trois heures et demi, lente descente, fort vent de dos). Mais avant, j’avais deux formalités à accomplir.
La première, 5 km plus loin sur cette même route : en mars 2007, j’y avais photographié un magnifique étang encore glacé.
Voici à présent de quoi il avait l’air, le 2 juillet 2010.

La deuxième formalité, quelques virages plus loin : un salut à mon ami le panneau, lui aussi salué bien bas en 2007, qui confirme au fier cycliste qu’un nouveau record a été atteint (7700 pieds = 2330 mètres).

Parce que j’avais soigneusement étudié le relief avant de partir de Montréal: je savais que ce record ne serait pas battu avant Taos, une semaine plus tard... euh, non, attendez, il y a eu un autre panneau le lendemain.

C’est le résultat de l’incursion en territoire navajo : après Holbrook, ça montait plus que ça descendait, mais surtout, ceux qui s'engagent sur la route 264 ont droit à, disons optimistement, un faux plat ascendant. De 30 km. Résultat, ce panneau, juste avant la descente vers Window Rock. Voilà. Contents?
Point d’intérêt géographique suivant, 100 km plus loin : Continental Divide, cette ligne sinueuse qui, du nord au sud, sépare l’Amérique du Nord : si je mets plus de pression sur mon pied gauche, j’envoie plus d’eau vers le Pacifique. Avec le pied droit, vers l’Atlantique. C’est bien ça?

Sortie 47 de l’autoroute 40, Nouveau-Mexique, 4 juillet. (7245 pieds = 2150 mètres). Au moment où il prend cette photo, le cycliste réalise soudain que s’il continue, il va passer pour un de ces individus suspects qui photographient leur char.
Lorsqu’on arrive 180 km plus loin à Albuquerque, métropole du Nouveau-Mexique, on est encore à près de 1650 mètres d’altitude. Le gros de Santa Fe, 112 km plus au nord, est à environ 2000 m et Taos, 115 autres km au nord-est, est à 2100 m.
Au début, pour quitter Albuquerque, c’est facile : d’accord, ce n’est pas le plus beau des canaux, mais c’est une piste cyclable de 12 km allant plein Nord, ce qui est drôlement pratique pour sortir de la ville en évitant tous les feux de circulation.

Incidemment, c’est ce matin-là et les deux suivants que j’ai rencontré mes premiers cyclistes habillés en cyclistes. Un peloton a pris la 4e rue, au Nord d’Albuquerque, juste devant moi. Il filait à vive allure vers le Nord, et je présume qu’il se ne rendait pas jusqu’à Santa Fe.
Même scénario le lendemain matin, en quittant Santa Fe: c’est le long d’un parcours impeccablement balisé nous faisant passer pendant 20 km à travers les routes de service (Frontage Road) de l’autoroute, que j’ai rencontré d’autres cyclistes à l’entraînement.



... pour aller saluer ce rocher, s'il n'est pas encore tombé) puis la Cities of Gold Road (à l’est). C’est là que s’arrêtent les indications et, un peu plus loin, il faut embarquer sur l’autoroute, devenue à cet endroit un boulevard urbain, pour se rendre jusqu’à Espanola et rejoindre l'un des parcours possibles vers Taos. (8 juillet 2010)
Or, là où moi, je choisissais le parcours le plus économique pour aller du point A au point B, je soupçonne que tous ces cyclistes faisaient un aller-retour, les uns en profitant pour gravir un col plus ardu que le mien, les autres choisissant d’arrêter là où ça commence à faire mal pour revenir à leur voiture. Bref, il y a du choix, et certains panoramas doivent être spectaculaires.
J’ai même eu droit à une guide : Colleen qui, à une intersection mal balisée, m’a repéré en train d’examiner mon itinéraire et m’a accompagné pendant une dizaine de kilomètres, jusqu’à sa propre destination, Espanola, à une quarantaine de kilomètres au nord de Santa Fe.
(suite dans le billet suivant: Blogspot semble trouver que mes billets sont trop longs!)
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