40 degrés à l'ombre? Impressive. Même les Arizoniens sont impressionnés: c'est la semaine la plus chaude de l'année, et le nombre de journées où le mercure déborde les 110 Farenheit fait jaser —oui, même ici, on parle de météo!
Et le cycliste? Eh bien contrairement à ce que j'avais imaginé, mon ennemi n'était pas le manque d'eau. On n’est quand même plus à l’époque où Tintin et le capitaine Haddock frôlaient la mort, la tête embrûmée par le mirage d’une bouteille fraîche.
L’ennemi est plus insidieux —les gens qui habitent les petites et grandes villes traversées n'ont pas de mots pour lui. Ils savent juste qu'à partir de midi, la sagesse intime de rester près d'une climatisation, pas d'aller pédaler.
Mais c'est un adversaire d'autant plus insidieux qu'au début, il semble simple de lui échapper. Grande est l'envie, quand on part à 5 heures du matin, d’accélérer la cadence vers quelque chose, quoi que ce soit, fut-ce une cabane en ruine, ou une apparence de butte à l’horizon, qui puissent donner l’illusion d’avancer.
Or, si la température est fraîche à 5 heures, dès 8 heures, elle atteint les 30 degrés Celsius, et à 30 degrés, non seulement ce n’est plus une bonne idée que d’accélérer mais en plus, si vous avez déjà brûlé vos réserves, vous avez besoin d'une longue pause (à 8 heures du matin!). Comme le désert qui couvre le Sud de la Californie et l’Ouest de l’Arizona n’est pas parsemé de dépanneurs, pour votre pause, vous devez vous rabattre sur tout ce qui fait de l'ombre. Et l'ombre, plus on approche midi, plus elle fait comme toutes les ombres du monde.
Et c’est ici que le cycliste québécois que je suis a rencontré son maître. Les experts vous diront qu’il faut boire beaucoup. Oui, mais c’est trop facile. Lorsqu'arrivent 10 heures et 35 degrés, puis midi et 40 degrés, avant même le manque d’eau, ce qui est dangereux, c’est une exposition au soleil trop longue de la matière molle qui loge sous la boîte crânienne. Et à 40 degrés, vous avez beau vous arrêter dans le restaurant-qui-n'est-pas-un-mirage et y enfiler un Smoothies géant doublé d'un grand verre d'eau glacé, malgré ça, 15 minutes après en être ressorti frais et dispos, vous avez l’impression que quelqu’un a oublié d’éteindre la lampe solaire accrochée au-dessus de votre vélo et vous avez à nouveau besoin de vous arrêter.
Ça permet de donner un conseil à ceux qui font des petits calculs: plus la température s’élève et plus les pauses deviennent rapprochées. Sur chacune de mes 3 journées de 100 km, les 50 derniers ont pris beaucoup plus de temps que les 50 premiers, et les 25 derniers ont pris beaucoup plus de temps que les autres.
Conseil pause : boire, c’est incontournable, prendre des pauses, c’est mieux. S’il y a un restaurant climatisé, profitez-en. S’il y a de l’ombre, le matin, c’est à ne pas négliger : 15 minutes suffisent pour « cool down ». Mais après 14h, vaudrait mieux que vous soyez arrivé à l'hôtel.
Coutume locale : ne cherchez pas un restaurant climatisé. S’il y a un restaurant, il est climatisé!
Coutume locale no 2 : dans les trois restos qui étaient aussi des bars, le « happy hour » commençait à 14h. On se demande bien pourquoi...
Trois jours: de Brawlee à Blythe (Californie) puis à Salome et à Goodyear (Arizona, banlieue de Phoenix).
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