mardi 6 juillet 2010

La côte

Le sens de la vie... c’est une côte! On en gravit continuellement, tantôt parce qu’on n’a pas le choix, tantôt parce qu’on veut tester ses talents. Certaines sont plus abruptes, certaines mettent des années à être gravies. Mais quand on y arrive, en bout de ligne, on a toujours droit à la même récompense : wow.

Toutefois, avant de faire un Forrest Gump de moi-même, une note pour la postérité : non, tonton Pascal n’a pas gravi, cette fois, la côte au complet. Des deux étapes prévues (et déjà faites en 2007), Phoenix-Payson et Payson-Heber (Arizona), tonton Pascal a laissé tomber la première et pris l’autobus pour Payson, le 1er juillet.

La raison, élémentaire cher Watson : si 100 km sur le plat s’étaient avérés, trois jours d’affilée, au-delà du supportable (voir les billets précédents), imaginez 110 km en montée. La chaleur arizonienne a ainsi remporté sa plus grande victoire : Pascal, alias le roi de la montagne!

Restait Payson-Heber, de 1500 à 2330 mètres (5000 à 7700 pieds). Comme j’avais déjà fait ce parcours il y a trois ans, je savais à quoi m’attendre: des heures d’une montée d’abord inégale (traduction: ça monte et ça descend!), puis longue et difficile.


Mais qu’est-ce que c’était beau! Tous les cyclistes qui ont « fait » des côtes savent combien le paysage peut devenir impressionnant à mesure qu’on monte.


Ici, il n’est pas juste impressionnant, il est changeant —de 1500 à 2330 m, on passe d’un climat tempéré chaud à une forêt... presque boréale!



Et ce paysage, il est lumineux. Un peu à cause du ciel uniformément bleu. Un peu à cause de l'altitude, semble-t-il. Un peu à cause de la perspective qui se dégage progressivement à droite, jusqu’à des dizaines de kilomètres.



Peut-être un de ces mystères que sauraient expliquer peintres et photographes. Il faut y être: les photos ne donnent qu’un avant-goût. Ce randonneur semble aussi s’être extasié.

Bien sûr que c’est dur. Bien sûr que j’ai dû m'arrêter une couple de fois en cours de route.

C’est bien pourquoi, lorsqu’après un virage de plus, la route cesse soudain de monter, le « wow » est encore plus retentissant.

Juste là, à l’endroit où ça cesse de monter, halte routière sur mesure pour les cyclistes méritants : assez grande pour accueillir plusieurs voitures mais ni pavée ni même aplanie, donc pas du tout invitante pour les engins à moteur. Pour lors, j’avais la place pour moi tout seul. Marcher au bord de la falaise, s’asseoir sur un tronc couché et contempler, juste contempler. Tout en vidant la bouteille (alcoolisée à 0%).

La vue, à gauche...

... et à droite (route 260, à 50 km de Payson, Arizona, 2 juillet 2010)

50 mètres plus loin, il y a une vraie halte, qui n’existait pas en 2007 : cabane avec agente de conservation dedans, admirative d’être devant un cycliste et belvédère avec vue tout aussi impressionnante.


En bref, c’était parfois interminable et on sent par moments qu'on n'est pas assez fort, pas assez capable, pas assez tout. Mais quand on y arrive, la récompense efface tout.

La vie, quoi.


En hommage à
Jacqueline Bolduc Drouin
(1926-2010)

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