lundi 25 juillet 2011

Blue Ridge Parkway 2: à vélo

J’ai déjà écrit « la vie, c’est une côte ». Allusion à vous-savez-quoi. Mais dans ce cas-ci, ce seraient plusieurs. Des marcheurs dans la salle? Si vous avez déjà fait une randonnée pédestre de quelques heures ou quelques jours sur la crête des montagnes, vous avez un petite idée de la Blue Ridge Parkway à vélo. C’est pas parce qu’on est en haut qu’on reste en haut.

Bien sûr, 5 jours à vélo sur la BRP, ce sont des images extraordinaires, je l’ai dit. Et encore, ça commence avant même qu’on ait posé une roue sur la BRP. Après tout, ce n’est pas comme si les montagnes commençaient là où commence la route.

En fait, elles commencent où, les Appalaches? Il existe même des Appalachian studies où on débat cette épineuse question. Les Smoky Mountains, complètement au sud de la Blue Ridge Parkway, en font indéniablement partie, mais descendez un autre 150 km plus au sud, avant Atlanta, et depuis la piste cyclable mentionnée dans un précédent billet, on voit un trio de montagnes qui sont une avant-garde des Appalaches.
Ces mêmes Appalaches qui étirent leur traîne jusqu’au Québec. Autant dire que ça en a fait, de l’eau qui s’est déversée dans les lacs et les rivières de l’est de l’Amérique du nord, ce printemps. Le Richelieu était loin d’être tout seul à déborder.

Il y a dans ce coin-là, avant Atlanta, un village appelé Piedmont, qui s’appelle comme ça parce qu’il est sur un flanc des Appalaches appelé Piedmont, et le flanc s’appelle comme ça pour une raison que seuls les Français et les Italiens comprennent sans doute.
Mais revenons à nos moutons. Dès qu’on quitte Atlanta par le nord, ça n’est pas long que les montagnes occupent l’horizon.


L’itinéraire dont il est question dans ce billet. De Norcross (banlieue d’Atlanta, à 35 km au nord) à Clayton, Caroline du Nord (B, 14 juillet), puis Sylva (C, 15 juillet, 25 km avant l’endroit où j’ai pris la Blue Ridge Parkway), Asheville (D, 16 juillet), Boone (E), Fancy Gap, Virginie (F), Roanoke (G) et Waynesboro (H, 20 juillet).

Et bien sûr, ça monte. Mais lentement : de 350 mètres d’altitude à Atlanta, je suis passé à 600 mètres à Clayton, 150 km plus au nord, ce qui n’est vraiment pas grand-chose. Il y a bien un pic à 1000 mètres ensuite, sur la route 441 vers Sylva, suivi d’une solide descente...
... vers ce charmant village, Sylva, un de ces lieux de villégiature plus peuplés en été qu’en hiver. 220 km au nord d’Atlanta et une vingtaine de kilomètres de l’extrémité sud de la BPR.

La « montée lente » devient dès lors, comment dire, plus exigeante.

Il faut savoir qu’à moins de 100 km de l’extrémité sud de la BRP —j’ai pris la route à 20 km de son extrémité sud— se trouve le pic le plus élevé de tout l’itinéraire. Ça représente, en gros, une cinquantaine de kilomètres de montées par paliers. Avec, en cadeau de bienvenue ce premier jour, la spécialité locale : la brume. Rappelez-vous, ça ne s’appelle pas les Smoky Mountains pour rien.

Josée Nadia me faisait remarquer que j’ai connu ça, la brume, dans le col du Tourmalet, en France. C’est vrai, mais jamais une brume aussi épaisse : non seulement je n’ai jamais eu l’impression de me retrouver au-dessus des nuages...

... mais je sais maintenant ce que c’est que de rouler dans les nuages!
C’est frustrant d’être privé d’un panorama sûrement incomparable. Et on aimerait bien offrir une récompense aux mollets qui protestent. Et pourtant, voici un de ces paradoxes cyclistes classiques. 6000 pieds, 1800 mètres, le plus haut point de la BRP. Une minute avant, j’étais haletant et j’ajoutais à l’humidité ambiante. Devant le panneau, instantanément, la fatigue disparaît. Le cerveau envoie je ne sais trop quoi, mais ça marche. Wow, j’y suis. Et en prime, on n’est qu’au milieu de ma première journée et déjà, je n’aurai plus à grimper aussi haut!

Le problème, c’est que le soir, à Asheville, je serai redescendu à 650 mètres... et que le lendemain, il y aura un col à 1250 mètres! Si jamais vous trouvez quelque part une chaîne de montagnes dont la crête est droite comme une planche à repasser, faites-moi signe.

En attendant Asheville —métropole régionale, la plus grosse ville de la partie montagneuse de la Caroline du Nord— donc, ça descend, et on sort des nuages...

Et croyez-moi, y a des moments où ça descend vraiment pour la peine —c’est-à-dire pendant plusieurs kilomètres d’affilée. Résultat, des 45 kilomètres/heure, et comme les routes sont impeccablement asphaltées, et qu’il y a relativement peu de circulation, on peut se permettre un peu plus d’audace. Quant aux champions cyclistes qui liront un jour ceci, et qui diront « seulement 45? », rappelez-vous que je suis ralenti du fait que je suis lourd, et je ne parle pas de mon embonpoint.

Au passage, une première pour moi : des tunnels! 26 en tout, la majorité dans les 200 km les plus au sud. À deux exceptions près, ils ne font pas plus de 200 mètres de long, ce qui veut dire qu’une fois entré, on voit la lumière de la sortie... Mais sur le coup, entrer là-dedans, ça impressionne!

(à suivre)

1 commentaire:

  1. Bonjour Pascal, par où me recommanderais-tu de débuter si je veux faire un petit road trip jumeler avec 2-3 jours de vélo.
    Merci :)

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